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Questionnement

Ce site retrace le cheminement, le questionnement sur la réalité des formes ce qui m'a conduit a l’analyser les rapports de la forme et de la matière. Cet antagonisme entre le fond et la forme m’a amené à me poser la question du geste créateur. C'est-à-dire qu’il m’est apparu que la réalisation d’une forme ne pouvait pas échapper à la construction du pré-formatage de la matière, au prêt à être consommé du matériau et donc à sa géométrisation industrielle. Cette géométrisation en éléments simples, s’est imposée progressivement au cours de l’évolution des techniques dans le temps et de l’emprise de plus en plus grande de l’homme sur terre pour construire son monde. Ce conditionnement de la matière a probablement aussi abouti à conditionner notre mode de pensée, au point qu’il est très difficile de se défaire de ce conditionnement culturel. La main et le crayon vont « naturellement » vers les formes simples de la géométrie.

Pour Florence de MÈREDIEU "C’est au sein de la tradition philosophique, que la matière est généralement considérée comme amorphe, aveugle. Illisible donc tant qu'une forme ne lui est pas adjointe pour, d'un coup, la rendre déchiffrable"[1]. Cette lutte entre la matière et la forme dans la création artistique amène l'esprit à chercher dans l'art, selon HEGEL " la présence du sensible, qui doit certes rester sensible, mais qui doit aussi être débarrassée de l'échafaudage de sa matérialité. L'œuvre artistique tient ainsi le milieu entre le sensible immédiat et la pensée pure."[2] Pour KANT « Dans la peinture, la sculpture, dans tous les arts plastiques même, l’architecture, l’art des jardins, en tant que beaux arts, l’essentiel, c’est le dessin » [3]

Mais de quel dessin s'agit-il…. Construire un espace urbain, un lieu « naturel », fragment de paysage, nous renvoie nécessairement à un répertoire formel qui se redit. Le monde n’est pas constitué seulement de « fabrication humaine », les montagnes, les nuages, les forêts, les continents sont régis par des lois qui leurs sont propres.

Pour Gottfried SEMPER « Chaque matériau possède, d’après lui ses propres lois et se caractérise par une vocation formelle qui le fait évoluer d’une manière déterminée. »[4]

Ceci nous renvoie à la théorie du mathématicien Benoît MANDELBROT sur les fractales[5] qui lui s'est attaché aux formes naturelles échappant à la géométrie classique.

C’est dans cette prise de conscience, d’une autre géométrie, que je me suis intéressé aux formes irrégulières et que mon travail a évolué vers des formes "naturelles". Les notions d’aléatoire, de hasard, m’ont permis de développer un travail,  en utilisant les éléments linéaires des arbres. Ce travail a progressivement évolué vers une sculpture de l'espace par la ligne, par un contour "un dessin" de et dans l'espace. [6] 

 

Dominique Lamandé

 

[1] Histoire matérielle et immatérielle de l'art moderne p.9

[2] Esthétique p.15

[3] Critique du jugement p.58

[4] Le style dans les arts techniques et architectoniques (1861-1863)

[5] Les objets fractals, survol du langage fractal

[6] Catalogue « sculpt » p 28 Le Quartz

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